Chute de Quadriga (2018)
Avec la chute du prix des cryptoactifs, de nombreux clients de Quadriga ont voulu encaisser. M. Cotten avait du mal à suivre les demandes de retrait croissantes et exploitait Quadriga comme une porte tournante.
Le marché de la cryptomonnaie s’effondre et M. Cotten est confronté à un manque de liquidités
Alors que l’année 2017 a été une année de hauts pour les prix des actifs en cryptomonnaie, 2018 a été une année de bas. Le cours du Bitcoin a atteint un sommet vers la mi-décembre 2017, puis a commencé à s’effondrer. Quelques semaines plus tard, le cours de l’Ether s’est aussi effondré. La chute du prix de la cryptomonnaie a réduit la valeur des avoirs de M. Cotten en Ether – Ether qu’il avait acheté avec de faux dollars et de faux bitcoins. Bien que les positions à découvert de M. Cotten sur le Bitcoin profitaient de la chute du cours du Bitcoin, ses positions sur l’Ether étaient beaucoup plus importantes; dans l’ensemble, les avoirs de M. Cotten subissaient de lourdes pertes. La demande en cryptomonnaie ralentissait et les clients de Quadriga encaissaient. Par l’intermédiaire de son compte au nom de Chris Markay, M. Cotten est intervenu en utilisant de faux dollars canadiens pour servir de contrepartie à des clients cherchant à vendre leurs actifs en cryptomonnaie en échange de dollars canadiens. Cependant, il devait trouver de vrais dollars canadiens pour payer les retraits ultérieurs des clients. Cela s’est avéré difficile, car, pendant des mois, M. Cotten avait détourné les avoirs des clients à la fois pour financer des retraits et payer des dépenses personnelles. Conséquemment, M. Cotten s’est retrouvé presque à court de dollars canadiens, de dollars américains et d’actifs en cryptomonnaie.
La chute du prix de la cryptomonnaie a réduit la valeur des avoirs de M. Cotten en Ether – Ether qu’il avait acheté avec de faux dollars et de faux bitcoins.
Problèmes de traitement des paiements
À peu près à la même époque, en janvier 2018, la Banque Canadienne Impériale de Commerce (CIBC) a gelé les comptes liés à Billerfy, l’un des principaux processeurs de paiement de Quadriga. Cela a rendu inaccessibles 26 millions de dollars de fonds des clients de Quadriga. Le litige lié aux fonds gelés s’est poursuivi tout au long de l’année 2018 et les fonds gelés sont restés inaccessibles à Quadriga pendant cette période. Ces fonds ont finalement été versés au processeur de paiement, puis transférés à Ernst & Young après la mort de M. Cotten.
Il est également possible que Quadriga ait perdu l’accès aux fonds détenus auprès d’un processeur de paiement à l’étranger. Les documents relatifs à ce processeur de paiement indiquaient un solde de compte de 12 millions de dollars en avril 2018 (composé d’un compte en dollars canadiens avec un solde de 9 millions et d’un compte en dollars américains avec un solde de 2,5 millions). Les sous-traitants de Quadriga se rappellent que, à un moment donné, ce processeur de paiement avait cessé de communiquer avec Quadriga. Après la mort de M. Cotten, le processeur de paiement a signalé à Ernst & Young qu’il détenait un solde proche de zéro pour Quadriga. Le 19 juin 2019, Ernst & Young a rapporté que le processeur de paiement n’avait fourni aucun document à l’appui de cette affirmation. Nous n’avons pas identifié quelconque document établissant ce qu’il est advenu des 12 millions de dollars ou si l’argent avait été restitué à Quadriga. Nous avons cherché des informations auprès de cette société par de multiples canaux, mais elle ne nous a fourni aucun document.
Quadriga a commencé à avoir du mal à satisfaire les demandes de retrait.
À peu près au même moment que le gel des comptes de la CIBC, Quadriga a commencé à avoir du mal à satisfaire les demandes de retrait. M. Cotten a publiquement imputé les problèmes de retrait au gel des actifs, mais il s’agissait d’une petite partie d’un manque à gagner beaucoup plus important causé principalement par les opérations frauduleuses de M. Cotten.
Quadriga plonge dans une crise financière
Au début de 2018, les clients inondaient Reddit de plaintes concernant les retards dans la réception des fonds. Les médias ont commencé à publier des articles sur des clients dont les demandes de retraits n’étaient pas complétées ou dont les transactions prenaient des semaines ou des mois à traiter. M. Cotten a minimisé les inquiétudes, accusant généralement le gel des comptes de la CIBC ou les clients eux-mêmes, plutôt que les problèmes rencontrés par Quadriga elle-même. À l’époque, un représentant de Quadriga a déclaré aux médias qu’aucun de ses clients n’avait jamais perdu d’argent à cause d’un problème de financement ou de retrait.
À partir de mars 2018, M. Cotten exploitait Quadriga comme une porte tournante.
En réalité, la situation financière de Quadriga était désastreuse et les actifs détenus sur la plateforme diminuaient. À partir de mars 2018, M. Cotten exploitait Quadriga comme une porte tournante. Les actifs en dollars canadiens, en dollars américains et en cryptomonnaie déposés par les clients pour alimenter leurs comptes étaient immédiatement réacheminés pour financer les retraits d’autres clients. Toutefois, avec le flot de demandes de retrait, la sortie d’actifs réels de la plateforme, notamment les dollars canadiens, dépassait largement l’entrée d’actifs réels. Afin de répondre à la demande de retraits, M. Cotten vendait également les actifs en cryptomonnaie restants de la plateforme, en les encaissant aux prix du marché, qui étaient bas. Il a également restitué à Quadriga une partie des 24 millions de dollars qu’il avait précédemment transférés à Mme Robertson et à lui-même pour un usage personnel. Entre août et décembre 2018, M. Cotten a transféré environ 10 millions de dollars de son compte bancaire personnel à un processeur de paiement, qui a distribué ces fonds à des clients de Quadriga.
M. Cotten vendait également les actifs en cryptomonnaie restants de la plateforme, en les encaissant aux prix du marché, qui étaient bas.
Le graphique suivant montre l’écart entre les actifs et les passifs de Quadriga, les actifs en cryptomonnaie étant évalués à leur équivalent en dollars canadiens, de mai 2017 au début 2019. Il convient de noter que, si la différence entre les actifs et les passifs diminue en 2018, cela s’explique principalement par la baisse des prix des cryptomonnaies. Nous estimons que, indépendamment du prix des cryptomonnaies, il était peu probable que Quadriga puisse retrouver une position financière solvable.
Quadriga : actifs c. passifs (comprend les actifs en cryptomonnaie et en monnaie fiduciaire)
- Actifs
- Passifs
En octobre 2018, Mme Robertson et M. Cotten se sont mariés lors d’une petite cérémonie privée en Écosse. Ils avaient pris des dispositions pour passer leur lune de miel en Inde, où ils finançaient la construction d’un orphelinat. Au début décembre, alors qu’il se trouvait déjà en Inde, M. Cotten a effectué deux virements d’un montant total de 500 000 dollars à partir de son compte personnel pour financer les retraits des clients. Peu de temps après, il s’est installé avec Mme Robertson dans l’hôtel de luxe Oberoi à Jaipur, en Inde.
La mort de M. Cotten expose la situation financière désastreuse de Quadriga
Le site Web de Quadriga indiquait qu’il était hors ligne.
La mort de M. Cotten expose la situation financière désastreuse de Quadriga
Le 9 décembre 2018, M. Cotten est décédé pendant sa lune de miel en Inde. De nouveaux administrateurs ont été nommés et ils ont décidé de suspendre les activités sur la plateforme de Quadriga. Le site Web de Quadriga indiquait qu’il était hors ligne.
La mort de M. Cotten et les efforts qui ont suivi pour localiser les avoirs ont révélé l’étendue des problèmes de Quadriga. Beaucoup pensaient que la majeure partie du manque d’actifs s’expliquait par la perte ou à l’inaccessibilité de clés privées, mais ce n’était pas le cas. Comme décrit précédemment, Quadriga était déjà en crise avant la mort de M. Cotten et elle se serait très probablement effondrée même si M. Cotten n’était pas décédé. Au moment de son décès, la plateforme devait environ 215 millions de dollars à ses clients, mais elle n’avait presque pas d’actifs pour couvrir En novembre 2016, M. Cotten avait injecté tellement de faux actifs dans la plateforme que son insolvabilité éventuelle était pratiquement assurée. Cependant, jusqu’à sa fermeture définitive par les nouveaux administrateurs, Quadriga n’avait jamais cessé d’accepter de nouveaux clients et de nouveaux dépôts, même lorsque la société était au bord de l’effondrement.
En novembre 2016, M. Cotten avait injecté tellement de faux actifs dans la plateforme que son insolvabilité éventuelle était pratiquement assurée.
Note de bas de page 5
Au moment de sa mort, M. Cotten n’avait pas accès à la plupart des fonds qui ont ensuite été récupérés par le syndic de faillite Ernst & Young. La majorité des actifs récupérés consistait des fonds qui étaient encore gelés par la CIBC au moment du décès de M. Cotten.